Ljubljana, 1875. L’avènement récent de l’empire austro-hongrois modifie les équilibres européens et exacerbe les tensions politiques. Au cœur de cette période troublée, Nikolaj Smirnov, au service de l’Empereur de Russie, fait la rencontre de Sixtine de Malivert, jeune aristocrate française. Des bords du lac de Bled en Carinthie à la douceur de Naples, en passant par les fastes de Venise et le froid mordant de la Russie, Nikolaj tombe peu à peu sous le charme de la jeune fille et de son esprit cultivé. Mais un mal inconnu ronge cette dernière et le mystérieux diamant noir qu’elle porte toujours autour du cou alimente les croyances superstitieuses de Nikolaj…

Un roman historique plein de poésie, dont l’issue vous réservera une surprise de choix…

Autrice : Cécile Meynard

Prix : 11 €

ISBN :

Date de parution : 29/01/2026

Pages : 112

Format : 148×210 mm

Lire un extrait…

À 28 ans, nourri de littérature romantique depuis ma plus tendre enfance, je rêvais de la femme idéale, qui prenait un peu les traits de la Sylphide imaginée par Chateaubriand. Je n’étais donc pas un homme à femmes à proprement parler, mais j’avais déjà eu quelques succès qui, par leur banalité un peu décevante, m’avaient donné l’illusion d’être blasé en matière d’amour. Mais cette sombre amazone, en traversant ce champ labouré comme un trait de feu, m’avait bel et bien obligé à reconsidérer mon état d’esprit. Pour tout dire, j’étais obsédé et tremblais véritablement de ne pas trouver grâce à ses yeux. Croisant dans la glace mon regard devenu presque noir sous l’effet des sentiments violents qui m’animaient, je me sentis comme Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir – ce roman méconnu d’un certain M. de Stendhal, gros petit monsieur un peu prétentieux mais intéressant, que mon père avait connu à Rome à l’époque où il y menait une ambassade au nom de l’empereur de Russie : bref, comme le héros de ce roman que j’avais dévoré fiévreusement dans mon adolescence, j’essayai, assez vainement il est vrai, de me convaincre que séduire cette femme n’était qu’une simple bataille à gagner et qu’elle ne méritait donc point tant d’émotion. Lorsque je me présentai dans la salle de bal, brillamment illuminée où s’empressaient déjà la plupart des invités du comte, tous plus beaux et élégants les uns que les autres, ce fut pourtant elle que je repérai instantanément dans la foule.

Dissimulé derrière un groupe de joyeux convives, je pus la dévorer des yeux à loisir et constater que son visage charmant répondait en tout point à l’élégance de sa tournure. Très mince et presque même un peu maigre face aux autres jeunes femmes, elle était vêtue d’une simple robe de soie rose pâle très décolletée, bordée de dentelle noire qui mettait en valeur le port altier de sa tête et ses épaules graciles, tout en faisant ressortir la pâleur extrême, presque translucide de sa peau. Son seul bijou était un gros diamant noir à son cou, qui, fait étrange, semblait à la fois concentrer la lumière et la restituer. Seules ses pommettes teintées d’une vive rougeur semblaient brûler d’un feu intérieur tandis qu’elle promenait languissamment ses yeux noirs sur la brillante assemblée comme si elle eût été étrangère à la fête. Et de fait, rien ne semblait plus éloigné de ce bal que cet étrange et magnifique oiseau rose et noir qui semblait prêt à s’envoler vers d’autres contrées plus chères à son cœur. Faisant battre gracieusement un somptueux éventail à hauteur de son visage pour rafraîchir ses joues, ce qui soulevait quelques cheveux noirs échappés à sa haute coiffure tressée, elle hochait poliment la tête aux bons mots que lançait avec animation un grand jeune homme très brun, qui se présenta comme le baron Czsenisky, originaire de Hongrie, visiblement désireux de lui plaire. À mon plus grand déplaisir, je me sentis instantanément jaloux de ce bellâtre insignifiant. Il fut heureusement détourné de ses attentions intempestives par un vieillard, sans doute son père, qui souhaitait lui présenter la jeune et sémillante marquise de M*. Celle-ci n’occupa mon esprit que quelques secondes, car je l’avais rencontrée l’été précédent aux eaux de Biarritz – mises à la mode par l’impératrice Eugénie quelques années auparavant. Elle m’avait très vite déçu par la nullité de sa conversation qui se réduisait à de vagues propos sur l’aquarelle, la danse et à des banalités sur Aida, le dernier opéra de M. Verdi qu’elle persistait à croire de M. Rossini ; cela m’indisposait d’autant plus que cette œuvre m’avait ému aux larmes quelques années auparavant quand il l’avait donnée à la Scala… 

M’emparant de deux coupes de vin de champagne, je pris mon courage à deux mains et m’avançai vers la jeune personne qui avait repris son attitude songeuse, indifférente au mouvement général. Lui tendant une coupe, en essayant de ne pas me laisser désarçonner par son regard plus surpris que flatteur, je m’inclinai en murmurant « Mademoiselle… Je ne crois pas avoir eu l’honneur de vous être présenté… » et lui déclinai tous mes titres. Le fait de me révéler étranger sembla avoir l’heur de lui plaire et elle accepta sans façon ma coupe. En revanche, elle me surprit une fois de plus en ne me tendant pas sa main à baiser, comme l’aurait sans doute fait toute autre demoiselle. Elle se contenta d’incliner la tête en esquissant un sourire, puis répondit d’une voix douce qu’elle s’appelait Sixtine de Malivert et faisait avec sa parente le tour des plus grandes villes d’Europe, après avoir accompli l’année précédente le traditionnel Grand Tour qui l’avait menée jusqu’à Constantinople. Impressionné par tant d’audace chez une si jeune fille, je me risquai à lui poser des questions sur la Grèce, la Terre Sainte, les villes qu’elle avait pu voir cette année et sa destination finale. Ses réponses pleines de profondeur révélant une grande culture mêlée d’une réelle philosophie du voyage me charmèrent au point que j’en oubliai pendant un temps mon premier objectif qui était de lui demander de m’accorder sa première danse.

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